Je marchais dans la rue contre le vent, essayant désespérément d'atteindre le portail inter dimensionnel. J'étais encore plus déterminée que les autres fois, encore plus forte. J'y étais presque, et cette fois ci rien n'a pu m'en empêcher !
« Sidney ! »
Je me retournai, découvrant Alice et Kennedy, côte à côte.
« On t'attend depuis une heure, on avait un rendez-vous important, tu ne te souviens pas ? »
Je poussai un grognement en roulant des yeux. En quoi un rendez-vous débile pouvait être plus important que ma quête ?
De plus, je n'avais aucun souvenir de ce rendez-vous, preuve que ce n'était vraiment pas prioritaire.
« Je n'ai pas le temps, désolé ! »
Je me détournai d'elles et continua à marcher.
Il commençait à pleuvoir. Manquait plus que ça.
« Mais Sidney tu n'as jamais le temps ! »
J'ignorais une nouvelle fois Alice en avançant vers le portail. A chacun de mes pas j'avais l'impression qu'il s'éloignait.
« Qu'est-ce qu'il y a donc de plus important que tes amis » dit une voix familière.
« Je n'en sais rien, terminer ma mission, atteindre le portail ! répondis-je dans le vide. Mais ça ne risque pas d'arriver si je suis dérangée toutes les secondes ! »
Ça y'est j'étais énervé.
Je m'arrêtais brusquement, cherchant la personne à qui je parlais. Alexia se tenait derrière moi, les bras croiser, un sourire mesquin aux lèvres.
« Ça t'amuses de m'emmerder ! »
« Non ! C'est juste que tu me fais pitié. » hurla t'elle en rigolant méchamment.
La pluie devenait au fur et à mesure, de plus en plus forte, tout comme le rire d'Alexia. La rue était vide, noire sans couleur. Kennedy et Alice avait disparu et on entendait à chaque coins de la rue le rire d'Alexia en écho. Cette atmosphère me faisait, bien que j'aie du mal à l'avouer, peur. Tout ce que je souhaitais c'était que le ricanement d'Alexia se stoppe, et de pouvoir continuer ma mission.
« Arrête Alex ! Je t'en prie tu n'es pas toi-même ! »
« Tu as raison, je ne suis pas Alexia. répondit-elle, un horrible sourire aux lèvres. Je suis toi ! »
Sur ces derniers mots elle se métamorphosa en moi, souriant toujours. Je reconnus mes mèches rouge et jaune, bien qu'elles soient assombries, et mes yeux bleus plein de rage. Des flammes sortaient de mon dos, formant des ailes. Je semblais être maléfique, prête à tuer n'importe qui. Ça ne pouvait me ressembler, je n'étais pas comme cela !
« Non ce n'est pas moi ! Je ne ressemble pas à un démon. Ce n'est qu'une ruse ! »
Je reculai en disant ces mots, effrayé par ce prototype de moi ou plutôt ce monstre.
« Laisse-moi maintenant, laisse-moi terminer ce que je dois faire ! J'en ai marre d'échouer à chaque fois ! Je dois continuer ! » dis-je, les larmes aux yeux.
Mon autre moi rigola à nouveau. Ma gorge se serrai ; j'avais peur maintenant je pouvais le dire. Je me détournai de mon ennemi, avançant de l'autre côté. Deux autres « moi » apparurent, le même sourire aux lèvres.
La pluie devenait insoutenable : les gouttes était épaisse et me brouillait la vue en plus de mes larmes. Mes cheveux était trempée tout comme mes vêtements. Mon jean me serrait la peau et marcher devenait de plus en plus difficile.
« Vous n'êtes pas ce que je suis ! Je ne tomberais pas dans votre piège ! »
« Si nous le sommes, nous sommes ce que tu es au plus profond de toi. La rage, l'égoïsme, la peur. Tu n'échapperas pas au côté obscur. C'est ton destin Sidney. Tu finiras seule et abandonnée !» ricana mon prototype.
« Non, j'ai des amis sur qui je peux compter ! Je ne serais jamais seule !»
« Des amis à qui tu n'accordes pas une seconde. Ils finiront par t'abandonner ! »
« Quoi ?! Je leur accorde suffisamment de temps comme ça. Excusez-moi mais je ne peux pas passer mes journées à parler de vêtements, de musique, d'amour ou de choses inutiles ! J'ai des choses à régler, moi, des obligations, des missions ! »
« Oh ! Et c'est ça que tu appelles « amitié » ? Ah ah quelle blague ! »
« Ferme là ! Je connais mieux mes amis que toi pour dire qu'ils seront loyaux quoi qu'ils arrivent ! »
« Et moi je te connais assez pour te dire que tu n'es qu'un égoïste ! » hurla l'autre moi.
Je reculai, encerclé par les trois monstres qui me représentaient. Je ne pouvais rester ici plus longtemps, cette discussion ne mènerait à rien. Je me dégageai de leur emprise en courant. Je ne savais pas où j'allais, la pluie me brouillait la vue.
« C'est ça, fuit ! C'est la seule chose dont tu es capable ! Tu n'assumes pas qui tu es ni tes responsabilité ! Tu n'es qu'une peste égocentrique et égoïste ! »
Les paroles de ce monstre résonnaient dans ma tête tandis que je continuais à courir vers une route inconnue. Je serai mon collier dans la main, essayant d'avoir une pensée positive. Mais je n'y arrivais pas. Je glissa d'un seul coup, trébuchant sur moi-même. Je tomba dans l'eau qui recouvrait la rue. J'ouvris la main où je tenais Daydream.
Il était brisé en mille morceaux.
« Non ! Non ! » me lamentais-je en regardant mes mains tachées de sang et les morceaux de mon collier.
« Tu as encore échouée Sidney » dit une voix.
Quelque chose m'attrapa la jambe mais j'étais incapable de me retourner. J'essayais en vain de m'accrocher à la route mais je n'avais plus aucune force.
La pluie me brulait comme si c'était du feu, la douleur était insupportable.
Je criais mais je savais bien que personne ne viendrais me sauver. J'étais seule.
« Aragorn ! »
Mon cœur battait vite, très vite. Je sentais la transpiration me couler de partout et la chaleur envahir mon corps.
Mes yeux étaient fermés et j'avais peur de les ouvrir.
Où est ce que j'étais ? Je ne me rappelais de rien.
À chaque fois que j'essayais de me souvenir de quelque chose, je voyais mon collier brisé.
Alors que je me lamentais dans ce que je pensais être un lit, une main douce caressa mon visage.
« Tout va bien Sidney, vous n'avez plus de soucis à vous faire. » dit une voix familière, belle et rassurante.
J'ouvris les yeux difficilement, un mal de tête grandissant à chacun de mes gestes.
« Arwen ? » dit-je surprise, en découvrant l'elfe assise près de moi.
J'étais dans une chambre magnifique, des feuilles recouvraient le sol, il n'y avait pas de fenêtre mais de grandes ouvertures qui menaient à un grand balcon. J'entendais le chant des oiseaux, et l'eau de la rivière. Une douce lumière orange éclairait la pièce.
Pas de doute j'étais à Fondcombe, Imladris, pays des elfes.
« Arwen, que s'est-il passé ? » demandais-je, n'arrivant toujours pas à me rappeler ce qui c'étais passé.
« Vous ne vous souvenez donc pas ? »
« Non, je me souviens seulement d'un horrible cauchemar. Que m'est-il arrivé ? Pourquoi suis-je ici ?»
« Vous êtes arrivé, vous et Aragorn, il y a deux heures de cela, avec un garçon gravement blessé. Après nous l'avoir apporté, vous vous êtes évanoui et nous vous avons couchée ici. dit-elle d'une voix douce, tout en me passant de l'eau sur le visage. Je suis restée à votre chevet, pendant qu'Aragorn soignait votre ami, et, maintenant je vous rassure, il va mieux. Mais quelques heures de plus et Aragorn aurait été impuissant. »
« Mon ami ? »
Ma mémoire commençait à revenir petit à petit. Je me souvenais du cours d'SVT, de la venue d'Aragorn, du serpent et...
« Alex ! Bien sûr je me souviens maintenant ! criais je en m'asseyant brusquement sur le lit. Le serpent l'a suivi, il la mordu, puis a invoqué un vent très puissant et après on a couru jusqu'au portail mais Alex c'est évanoui alors on a dû le porter et... je suis arrivée ici. »
Je me rallongeai en disant ces derniers mots, soulagée.
J'étais enfin arrivée à Fondcombe, et je pouvais me reposer.
« Merci, Arwen. D'être resté prêt de moi. » dis-je après quelques minutes de silence.
« Ce n'est rien, c'est naturel. »
Je me levai découvrant que je portais une belle tunique elfique.
J'espérais que c'était bien Arwen qui m'avaient changé.
« Ce soir il y a une fête en votre honneur. Vous vous en souvenez ? » m'annonça-t-elle.
« En mon honneur ? » dis-je étonnée.
« Oui, nous fêtons votre venue. Cela fait un an aujourd'hui que vous êtes entrée dans notre monde, ici même, à Imladris... c'est quelque chose d'important pour notre peuple.»
« Vraiment ? »
« Oui, vous ne vous en rappeliez plus ? Quoi qu'il en soit, cela doit se fêter, vous ne pensez pas ? »
« Oui bien sûr » dis-je gênée.
Comment avait je pu oublier une telle chose ? Ça devrait être quelque chose d'important pour moi ! Ça fait un an que j'ai rencontré Arwen et Aragorn et je ne suis même pas foutu de m'en souvenir...
Et en plus ils organisent une fête, en mon honneur ! Je suis vraiment idiote de ne pas avoir prêté attention à ça...
Tu n'es qu'une peste égocentrique et égoïste ! Ils vont TOUS finir par t'abandonner !
Non ! Il faut que j'arrête de penser à ces cauchemars. Cela ne fait que me tourmenter et me rendre dingue.
Je pourrais plutôt profiter de Fondcombe, ce n'est pas tous les jours qu'on a le droit à une fête au pays des elfes !
Je m'avançais jusqu'au balcon, pour admirer le paysage, et me rafraichir les idées.
« Une fête en mon honneur, vraiment » dis-je.
Tu ne le mérites pas.
« Oui, c'est le moindre qu'on peut faire pour vous remercier. C'est vous qui avais mis votre vie en danger en traversant les deux mondes. »
Tu aurais dû mourir ce jour-là.
« Où est Aragorn ? » dis-je essayant de ne pas prêter attention à cette voix intérieure.
Pour encore allez l'embêter?
« Il doit se balader dans les jardins, vous le connaissez. Votre ami, hum, Alex, se trouve dans la chambre à côté. »
« Ce n'est pas mon ami. » avouais-je en me mordant la lèvre.
Tu n'as pas d'ami.
« Ah vraiment, excusez-moi. Alors dans ce cas qui est ce ? Est-il au courant pour les trois mondes ? »
« Non. Il a été mordu et amené ici par erreur. »
Par ta faute.
Je sentais ma respiration devenir de plus en plus forte, et le regard d'Arwen, poser sur moi. Elle commençait à s'inquiéter pour moi. Et si je lui dit ce qu'il se passe, elle ressentira de la pitié pour moi.
Et je ne veux pas ressembler à une gamine lamentable pour lequel on s'inquiète.
Seulement je ne contrôle pas mon esprit ni mes gestes, alors le seul moyen d'échapper à cette situation est de fuir.
« Je pense... je pense que je vais sortir prendre l'air, merci encore ! » dis-je en partant.
C'est ça fuit, c'est tout ce que tu sais faire !
Je sortis de la chambre et me dirigea vers les jardins, sans prêter attention à qui que ce soit. J'étais en colère. Contre qui ?
Contre cette voix qui me hantait et qui me rendait folle.
Contre moi-même.
Je courais désespérément dans les jardins de Fondcombe, en petite robe beige et pied nus. Je sentais les regards se tourner vers moi, mais je m'en foutais. Je ne savais pas où j'allais, ni quelle route j'empruntais mais je devais partir le plus loin possible. Cette voix devait disparaitre ainsi que tous ces cauchemars.
Tu ne te débarrasseras jamais de moi.
« Si ! Je le pourrais, je pourrais me débarrasser de toi je le sais !» hurlait-je, comme si je parlais à quelqu'un
Non tu en es incapable.
Parce que je suis toi.
Je m'arrêtai violemment près de ce qui semblait être une tombe, et tomba par terre. Mes genoux touchèrent les feuilles mortes, douces et fraiches. Je ne pus retenir mes larmes plus longtemps et les laissa couler. J'étais lamentable, j'avais honte de moi : me laisser aller aussi facilement ! Je mis mes mains sur mon visage, essayant de me calmer, en vain.
Je ne sais pas combien de temps je suis restée ici, à pleurer, mais ça ma sembler durer une éternité. Je me sentais seule, sans abris, abandonnée.
Je suis une personne forte, mais parfois j'aimerais juste que quelqu'un prenne ma main et me dise, que tout va bien se passer.
Le monde tournait autour de moi.
« Sidney ! »
J'avais perdu le sens de l'orientation et le fil du temps
« Sidney !! »
J'étais seule, par terre et trempée et pleine de boue.
Je devrais désirer être au chaud, avec des vêtements propres et un bon repas, mais la seule chose dont j'avais envie, c'était que quelqu'un vienne me trouver.
Que quelqu'un vienne me tendre la main pour me dire qu'il sera toujours là pour moi.
Que quelqu'un soit assez courageux pour être mon ami.
« Sidney !!! »
J'essayai de me relever mais mes forces semblaient m'abandonner. J'étais allongé, perdu. Mes larmes ne cessaient de couler, même après tout ce temps passer dans cet endroit abandonné de la forêt.
J'entendis alors quelqu'un arriver mais je n'avais pas la force de me retourner.
« Oh, Sidney... »
La voix douce que j'entendis disparu petit à petit, tout comme ma vision et mes forces.
« Tout va bien se passer, je suis là. » dit-elle une dernière fois.
*****
J'ouvris enfin les yeux, assise sur un banc, une matière douce recouvrant mes épaules. Ma vision floue se corrigea vite et je pu découvrir Aragorn, agenouillé par terre, en face de moi. J'essayais de parler mais seulement de l'air sortit de ma bouche. Mon cœur battait toujours aussi fort et j'avais encore du mal à respirer.
Je commençais de nouveau à paniquer.
« Eh du calme, tout va bien. » dit-il calmement.
« Je... » commençais-je en mettant mes mains sur mon visage.
J'avais honte d'être aussi faible devant lui, j'avais honte de me comporter ainsi. J'étais pitoyable et je sentais le mépris qu'il devait éprouver pour moi.
C'était la deuxième fois que je m'évanouissais en quelques heures !
« Je suis... » essayais je d'articuler, la gorge serrée.
Et ça y'est les larmes repartait... mais qu'est-ce que j'avais à pleurer comme une gamine ?
Je m'en voulais tellement d'être aussi conne, pleurer pour des conneries, pour des cauchemars ! J'avais passé l'âge de tout ça!
Mais c'était plus fort que moi, ces larmes devait sortir, que je le veuille ou pas.
« Je suis tellement conne ! » laissai je échapper.
Aragorn pris alors mes mains, trempée de larmes, et les serra dans les siennes. Je le regardais étonné qu'il fasse ce geste inattendu.
« Tout va bien se passer, je suis là pour vous. »
Aragorn ne se doutait pas qu'en disant ces mots, il allait illuminer ma journée.
« Oh merci, merci ! dis-je en pleurant. Tu es un vrai ami Grand-Pas ! Tu fais tant pour moi alors que je ne le mérite pas ! Je ne fais que te rendre la vie plus dure et je suis sure que tu restes avec moi simplement parce que tu t'y sens obligé! C'est vrai après tout je ne suis qu'une pétasse égocentrique et égoïste qui s'amuse à critiquer les autres parce qu'elle n'arrive pas à s'assumer ! »
« Sidney ! Je ne sais pourquoi vous pensez à de telles choses mais ce n'est pas vrai. Je peux vous assurez que tout ce que vous venez de dire est faux.»
« Alors pourquoi tu fais tout ça pour moi ?»
Je le regardais dans les yeux, désemparée.
Il me fixait, ne comprenant pas ma réaction.
« Parce que je suis votre ami ! dit-il d'une voix apaisante. Et je pense que toutes les souffrances peuvent s'oublier si la peine est partagée avec des véritables amis et que l'amitié la console. »
Il semblait sincère en disant cela et j'avais presque envie de le croire.
D'ailleurs je le croyais, oui je lisais dans ses yeux qu'il disait la vérité !
J'avais envie de pleurer à nouveau mais cette fois ci de joie. Comment avais-je pu douter autant de moi et de l'amitié qu'éprouvait Aragorn envers moi ? J'avais été bête d'écouter ces voix qui me tourmentaient, la seule chose dont je devais me fier était mon cœur et l'amitié qui le portait !
«Hantalë !* »
Je me libérai de la cape dont Aragorn m'avait vêtit pour le serrer dans mes bras de toutes mes forces. Il fit de même en rigolant.
« Va munta* Sidney... »
Je posais ma tête sur son épaule, me sentant plus rassurée que jamais.
« N'oubliez pas Sidney, peu importe ce qui vous fera tomber, moi je serai là pour vous aider à vous relever. »